mercredi 27 janvier 2010

CAHIER DE REVENDICATIONS

Le 23 octobre 2009.

Ce courrier est destiné à faire prendre conscience aux pouvoirs publics de la gravité de la situation ostréicole en France.

La Section Régionale de la Conchyliculture a organisé, lundi 12 octobre 2009, une réunion d’information au sujet des mortalités 2009.

Les professionnels, les centres de gestion et les banques qui ont trouvé le courage d’assister à cette réunion, celles et ceux qui pensent qu’il existe un espoir ont eu les jambes coupées.

En effet, quels sont les constats :



- Malgré la présence forte d’OSHV1 dans la quasi totalité des échantillons prélevés, personne n’est capable d’affirmer qu’elle est la cause des mortalités de naissains et autres classes d’âge.

- Des quantités d’analyses ont été réalisées, tant publiques que privées, et aucune conclusion ne peut être tirée.

- Seul, l’OSHV1 ne peut être tenu responsable des pertes, à ce jour.

- Seule, la qualité du milieu ne peut être tenue responsable des pertes.

- Seules, nos pratiques d’élevage ne peuvent être la cause des mortalités.

Sans jeter la pierre à qui que ce soit, les ostréiculteurs sont tous aujourd’hui dans le même bateau, un navire sans destination, sans avenir. Sauf miracle de la nature, le milieu et le produit étant atteints d’un mal inconnu, notre avenir est sans appel.

Une nouvelle espèce d’huîtres ? Elle n’existe pas car 95 % des huîtres au monde sont des Crassostréa Gigas.

Sauf à faire venir des huîtres d’Asie et d’Océanie avec les contraintes de risques de contamination d’autres choses. Le temps que cela soit mis en œuvre, il faudra attendre au minimum 5 ans sans ressources.

Sauf à ce que « la science » nous découvre un produit miracle indemne d’OSHV1 immédiatement, il faudra attendre au moins 5 ans pour qu’une production démarre. Et cela sans certitude, car nous rappelons qu’IFREMER n’est pas certain qu’OSHV1 soit responsable des mortalités.

Sans être fatalistes, force est de constater qu’à court terme notre production sera réduite à zéro ! Dans un an, la production aura diminuée d’au moins 50%, et sous deux ans, il n’en resterait qu’une petite vingtaine de pourcent. Comment penser une seule seconde que nos entreprises pourront survivre à cette crise ? Chacun doit s’avouer l’échec de notre métier. Car même en restant avec 20% (en réalité à terme un peu plus de 10%) d’huîtres à vendre, pensez vous réellement que nous arriverons à compenser le manque à gagner par une augmentation des prix ?

Les années 70 – 80 ont, pour encore beaucoup d’entre nous, laissé des souvenirs, pour ne pas dire laissé des traces. Cette grave crise n’était, sans commune mesure, comparable à celle que nous traversons aujourd’hui. Pourquoi ?

En premier lieu, la disparition de la plate a lancé, immédiatement, un grand nombre de professionnels à se diriger vers la production de creuses. La taille moyenne des entreprises n’était pas non plus la même. Enfin, la situation économique de chaque chantier était différente par le fait qu’à l’époque on investissait quand on avait les moyens de le faire. Aujourd’hui, on se donne, via les banques, les moyens d’investir. La dette moyenne par entreprise aujourd’hui est sans commune mesure avec le faible endettement de l’époque.

Aujourd’hui, la situation financière est devenue catastrophique. Des directives européennes et françaises nous ont obligés à investir donc à s’endetter. Les charges salariales ont raisons de nos trésoreries. Les coûts d’entretien, les fournitures, les contraintes administratives diverses nous assomment. Tout ça en plus des charges de production, de ce que la nature nous permet de récolter.

Nous demandons à être aidés sérieusement car nous ne voulons pas qu’une profession toute entière soit rayée de la carte sans que rien ne soit fait. Sur quelles bases ?

Devons nous continuer à croire en la résurrection de l’huître creuse ? Devons nous nous tourner vers d’autres productions ? Y-a-t-il un avenir pour une production marine dans les années à venir ? Tous les baromètres nous laissent penser le contraire :

- La qualité du milieu se dégrade, acté par le déclassement sanitaire que l’on veut nous imposer actuellement.

- La qualité des travaux d’IFREMER (prestataire de l’Etat) n’a permis ni d’aboutir à des conclusions exploitables, ni d’apporter des solutions pour pérenniser l’avenir de la filière. Nous ne savons toujours pas si la piste sur laquelle IFREMER nous emmène, OSHV1, est la cause originelle des mortalités. Un certain flou persiste, un certain doute s’installe sur la réalité que l’on veut bien nous faire croire…

Croire en un retour de la creuse, il faudrait un miracle ! Le temps nous est compté. Les autres productions maritimes ne sont elles pas, elles aussi, menacées ?

Pour nous aider à passer ce cap difficile le CNC a négocié, pour nous, des mesures d’aides avec l’Etat. Sont elles suffisantes ? NON ! Devons nous continuer à nous laisser enfoncer en espérant un soutien. Les mesures proposées d’exonérations de redevances, d’allègements de charges, de calamités au rabais, de modification du schéma des structures, de contrôle de prix, de reports d’échéances (à payer un jour où tout ira mieux ?), de restructuration de l’endettement (étalement de la dette sur xx années), de chômage partiel, … nous permettront-elles de survivre durant 5 ans minimum sans ressources si un jour un espoir est permis ? Car rien n’est certain au bout du compte !

L’Etat ne veut pas prendre conscience de la situation dans laquelle notre profession se trouve aujourd’hui ? Il y a là une volonté délibérée de nous laisser « crever » à petit feu, petit à petit, que dans 1 an, la moitié d’entre nous aura déjà quitté le métier avec le boulet de l’endettement professionnel et personnel à son pied ?

Nous refusons cette fatalité !

Le gouvernement, les élus de tous bords et de toutes collectivités, les hautes administrations doivent nous apporter leur soutien. Notre détresse doit être prise en compte sérieusement.

Des solutions existent, voici nos revendications :
Pour ceux qui veulent ou peuvent continuer :

- Expertise du milieu par des laboratoires indépendants

- Engagement de l’Etat à maintenir ou améliorer la qualité des zones de production suivant les résultats d’expertises (engagement sur l’avenir)

- Engagement de l’Etat à accompagner, garantir et subventionner les entreprises restantes jusqu’à ce qu’un niveau de production rentable soit retrouvé sur toute la filière

- Aide à la diversification

Pour ceux qui veulent arrêter :

- Réunion de mise en place des moyens d’action

- Mise en place d’un calendrier urgent

- Aide à la remise en état du DPM (tables, parcs, bassins, …)

- Annulation complète de la dette de chaque entreprise

- Prime à la casse de nos embarcations qui n’auront plus raison d’être et qui sont invendables

- Valorisation des installations terrestre, organisation d’un nouveau développement économique concerté avec tous les acteurs économiques, politiques et administratifs

- Aide à la diversification

Nous reviendrons vers la mi-novembre pour acter les points positifs et continuerons ainsi jusqu’à obtenir complète satisfaction.

Le Comité de Survie de l’Ostréiculture.